Foire aux questions
Qu’entend-on par produits de la mer durables ?
Pour être durables, les produits de la mer doivent remplir les critères suivants :
- ils doivent être traçables (on peut en identifier l’origine et en reconstituer le parcours)
- la pêcherie ou le producteur veille à la protection des habitats marins
- la pêcherie ou le producteur s’assure de la préservation des espèces menacées
- la pêcherie prélève les poissons à un rythme compatible avec la reconstitution de leurs stocks
- la pêcherie ou le producteur vérifie la qualité des conditions de travail et prend en compte les besoins des communautés de pêche.
Dois-je choisir de préférence des produits de la mer locaux ou importés ?
Le choix de produits de la mer locaux pêchés durablement est toujours le meilleur : il a en effet le double avantage de renforcer l’économie régionale et de privilégier les circuits courts de commercialisation. Pour vérifier que les produits de la mer locaux que vous choisissez sont pêchés durablement, consultez les recommandations formulées dans le Guide d’achat des poissons du WWF de votre pays. Sachez néanmoins que l’Europe constitue non seulement le premier importateur de produits de la mer au monde, mais s’approvisionne aussi majoritairement auprès des pays en voie de développement. Plus globalement, selon la FAO, 61 % du volume des exportations halieutiques mondiales proviennent des pays en voie de développement[1]. En achetant des produits de la mer importés issus de sources durables, les consommateurs consolident les communautés côtières des pays en voie de développement tout en préservant les stocks halieutiques et leur environnement naturel. Les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des pêcheurs dépendent en effet fortement de la viabilité de la gestion des pêches et de l’aquaculture.
[1] FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). www.fao.org/news/story/en/item/214442/icode
Que recouvre le label biologique de l’UE ?
Les producteurs, transformateurs et négociants biologiques sont tenus de respecter les exigences strictes instaurées par l’UE, qui imposent l’utilisation de protéagineux et de matières premières biologiques issus de pêcheries durables pour nourrir les poissons carnivores. Par ailleurs, le label bio de l’UE exige des géniteurs biologiques, interdit l’administration d’hormones et de dérivés hormonaux et prescrit des pratiques d’élevage respectueuses. Le respect de la conformité donne lieu à des contrôles périodiques. Les étiquettes des produits biologiques doivent mentionner le nom du producteur, du transformateur ou du distributeur ayant manipulé l’article en dernier. Le nom ou le numéro de code de l’autorité de certification nationale doit également y être indiqué. En dehors de l’étiquette biologique de l’UE (voir plus bas), plusieurs autres satisfont, voire dépassent, les normes strictes appliquées par l’UE à la production biologique. Nous vous invitons à prendre connaissance des recommandations formulées par le WWF dans votre pays.
http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:204:0015:0034:EN:PDF
Que signifie l’acronyme MSC ?
Le label Marine Stewardship Council (MSC) apposé sur les produits de la mer garantit que les pêcheries portant cette certification observent les trois principes suivants :
- viabilité des stocks halieutiques : l’intensité de la pêche doit normalement pouvoir en assurer la poursuite indéfinie sans porter atteinte à la vitalité de certains stocks de poissons ;
- minimisation de l’impact environnemental : les opérations halieutiques doivent s’effectuer de manière à maintenir la structure, la productivité, la fonction et la diversité de l’écosystème ;
- efficacité de gestion : la pêcherie doit se conformer aux législations applicables et garantir une gestion rigoureuse et réactive à l’évolution des circonstances[1].
Pour en savoir plus : [1] A propos du MSC
Que signifie l’acronyme ASC ?
Opter pour des produits certifiés ASC, c’est acheter des produits de la mer durables issus de l’aquaculture. L’Aquaculture Stewardship Council (ASC) est un programme de certification et d’étiquetage des produits de la mer élevés de façon responsable. La tenue de tables rondes réunissant les représentants de l’industrie aquacole, des filières de la distribution et de la restauration, des ONG, des gouvernements et de la communauté scientifique a conduit à la définition de 8 critères d’aquaculture responsable applicables à 12 espèces : tilapia, pangasius, saumon, truite, crevettes, bivalves (moules, palourdes, huîtres et coquilles Saint-Jacques), ormeau et sériole/cobia. Le rôle de l’ASC consiste avant tout à mettre en place des normes internationales pour une aquaculture responsable et de transformer l’aquaculture dans un sens favorable à la viabilité environnementale et à la responsabilité sociale.
Pour en savoir plus : http://www.asc-aqua.org
Qu'est-ce que l'aquaculture ?
Plus de la moitié des produits de la mer que nous consommons viennent d’exploitations aquacoles[1]. Également baptisée aquaculture, la production de produits de la mer est la filière de production alimentaire enregistrant la plus forte croissance sur la planète.
Or l’expansion rapide de l’industrie aquacole n’a pas été sans conséquences : à ce titre, le WWF, en sa qualité d’organisation de conservation, s’est inquiété de ses effets négatifs sur l’environnement comme sur la société. Nous savons pourtant que lorsque l’aquaculture est pratiquée de façon responsable, son impact sur les populations halieutiques sauvages et sur les écosystèmes marins est réduit à la fois significativement et de façon mesurable, au point de devenir positif pour les communautés côtières[2].
[1] http://www.oecd-ilibrary.org/docserver/download/5115021e.pdf?expires=1441617358&id=id&accname=guest&checksum=2E9BEFCEF310CC39CFB2B51FB88309DE
Dois-je privilégier les produits de la mer issus de l'aquaculture ou bien ceux capturés à l'état sauvage ?
De manière générale, cette question n’admet pas de réponse positive ou négative. Certes, les poissons capturés à l’état sauvage font figure de produits naturels et sains, issus d’un environnement naturel et donc intrinsèquement « biologiques ». Pour autant, nos océans étant déjà épuisés après plusieurs décennies de pêche non-durable, ils n’offriront pas suffisamment de ressources pour satisfaire la demande de produits de la mer d’une population mondiale en forte croissance, dont l’effectif devrait franchir le seuil de 9 milliards d’habitants d’ici 2050. Parallèlement, la production aquacole est appelée à poursuivre son développement au cours des 15 prochaines années afin de répondre à la hausse de la demande et de combler l’écart grandissant entre offre et demande[1]. En adoptant de meilleures pratiques grâce aux investissements dans les innovations techniques et au durcissement de la réglementation et de la législation, l’aquaculture est à même d’atténuer la pression sur les pêches de capture, de minimiser les impacts environnementaux et de procurer des bénéfices aux populations des pays en voie de développement.
Parce qu’ils forment la matière première la plus échangée sur la planète, nous nous devons de faire en sorte que les produits de la mer que nous mangeons (qu’ils soient capturés à l’état sauvage ou élevés) viennent de sources durables[2].
[1] http://wwf.panda.org/?246150/Where-will-the-fish-be-in-15-years
[2] http://www.wwf.ca/conservation/oceans/sustainable_seafood/
Qu'est-ce que la « surpêche » ?
Par surpêche, on entend la situation dans laquelle le rythme de capture dépasse celui du renouvellement des stocks par reproduction naturelle. Si le fait de prélever le plus de poissons possible constitue assurément une pratique lucrative, la surpêche entraîne pourtant de graves conséquences : elle affecte en effet non seulement, l’équilibre de la vie dans les océans, mais également le bien-être socio-économique des communautés côtières, qui dépendent du poisson pour leurs moyens de subsistance. L’intensification de l’effort de pêche au cours des 50 dernières années, conjugué au manque de viabilité des pratiques halieutiques, conduit aujourd’hui de nombreux stocks de poissons au bord de l’effondrement. Nombreux sont cependant les pêcheurs à avoir pris conscience de la nécessité de sauvegarder les populations de poissons et l’environnement marin. De son côté, le WWF travaille avec les différentes parties prenantes pour réformer la gestion des pêches à l’échelle mondiale en donnant la priorité aux pratiques durables assurant à la fois la conservation des écosystèmes, le maintien des moyens d’existence et la sécurité alimentaire[1].
Pourquoi le WWF ne recommande-t-il pas de s'abstenir de manger du poisson ?
Les protéines de poissons représentent une composante nutritionnelle cruciale et sont donc vitales pour la sécurité alimentaire mondiale. Si, en 2010, le poisson représentait 6,5 % de l’ensemble des protéines consommées dans le monde et 16,7 % de l’apport de protéines animales, ce dernier pourcentage était proche de 20 % chez plus de 2,9 milliards d’individus, et avoisinait 15 % chez 4,3 milliards de protéines[1]. Au-delà de ça, ce sont plus de 800 millions d’individus[2] qui dépendent de la capture, de la transformation, de la production et de la vente de poissons et de produits de la mer sur la planète. Ces dernières années, le nombre d’emplois de cette branche a même progressé plus rapidement que la population mondiale[3]. Comparé aux autres animaux d’élevage entrant dans le régime alimentaire des humains, les poissons issus de l’aquaculture présentent un indice de conversion alimentaire supérieur : en d’autres termes, la production de poisson nécessite moins de nourriture que celle de bœuf, de porc ou de poulet. À ce constat, on ajoutera aussi que l’empreinte carbone de l’aquaculture est significativement inférieure à celle de l’élevage de la plupart des animaux terrestres et pourrait même atteindre le niveau de la production agricole[4].
Bien que la consommation de produits de la mer affecte naturellement l’environnement du fait de l’existence de pratiques aquacoles ou halieutiques non-durables, elle constitue un choix préférable à la majorité des autres alternatives alimentaires dès lors qu’elle met en jeu des sources durables.
[1] FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). État de la pêche et de l’aquaculture dans le monde 2014. Rome. Page 66. http://www.fao.org/fishery/sofia/en
[2] HLPE, 2014. La durabilité de la pêche et de l’aquaculture au service de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Un rapport du Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, Rome, 2014. Page 34. http://www.fao.org/3/a-i3844e.pdf
[3] FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). État de la pêche et de l’aquaculture dans le monde 2014. Rome. Page 5 ; http://www.fao.org/fishery/sofia/en
[4] Global Salmon Initiative. Rapport sur la durabilité de la GSI. http://www.globalsalmoninitiative.org/sustainability-report/
Qu'entend-on par « prises accessoires » ?
Qui dit pêche, dit mécaniquement prises accessoires. Par ce terme, on désigne les organismes qui ne sont pas ciblés par la pêche (et sont donc rejetés en grande partie) ou ne sont pas consommés faute d’une bonne gestion[1]. Le phénomène tient aux caractéristiques des équipements de pêche modernes : très puissants, souvent déployés sur d’importantes surfaces et très rarement sélectifs, ils capturent non seulement les espèces recherchées mais également de nombreux autres organismes[2]. Environ 40 % du total des prises marines consistent en des prises accessoires. Les animaux concernés sont le plus souvent rejetés à la mer morts ou mourants[3].
[1] DAVIES R.W.D. et coll. Defining and estimating global marine fisheries bycatch. Marine Policy (2009), doi:10.1016/j.marpol.2009.01.003. http://wwf.panda.org/about_our_earth/all_publications/?160861/Defining-and-estimating-global-marine-fisheries-bycatch
[2] http://wwf.panda.org/about_our_earth/blue_planet/problems/problems_fishing/fisheries_management/bycatch222/
[3] DAVIES R.W.D. et coll. Defining and estimating global marine fisheries bycatch. Marine Policy (2009), doi:10.1016/j.marpol.2009.01.003 ; http://wwf.panda.org/about_our_earth/blue_planet/publications/?160861/Defining-and-estimating-global-marine-fisheries-bycatch
Pourquoi ne consommons-nous pas tout ce que nous capturons ?
Pour être durable, une pêcherie doit notamment mettre en place une gestion efficace en fixant des limites de capture pour chaque espèce cible et en évitant les prises accessoires d’autres espèces et/ou de poissons sous-dimensionnés. Manger tout ce que nous capturons reviendrait à consommer au hasard les espèces de poissons sans tenir compte de leur abondance ou de la santé de leurs stocks. Pire, la consommation de poissons trop petits aggraverait la situation en réduisant le nombre d’individus parvenant à maturité, donc commençant à se reproduire et à participer à la reconstitution des stocks. Faute de réglementation stricte, nous ne pourrons pas gérer les stocks d’une manière garantissant un rendement durable et encourrons par conséquent le risque de les voir s’effondrer.
Qu'entend-on par « pêche pirate », « pêche illégale » ou « pêche INN » ?
Problème grave d’ampleur internationale, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) contribue à la surpêche, crée une concurrence déloyale et fait obstacle aux pêcheries durables. Elle explique que l’amélioration du suivi, du contrôle et de la surveillance fasse partie des grandes préoccupations des décideurs du monde de la pêche depuis plusieurs décennies[1].
La pêche INN représente 30 % des volumes de poisson pêchés chaque année[2] et touche souvent les espèces dont les stocks souffrent déjà fortement de la surpêche. Mais ce n’est pas tout : elle menace aussi les moyens d’existence de chaque individu dont la survie est tributaire de la bonne santé et des capacités de production des océans. On observera néanmoins que les lignes directrices appliquées par l’UE pour l’étiquetage obligatoire des poissons et des produits de la mer contribuent aujourd’hui à améliorer la situation.
[1] http://www.wwf.eu/what_we_do/natural_resources/fisheries/iuu/
[2] Groupe d’experts sur les produits à base de poissons sauvages légaux et traçables. Mars 2015. Page 8. http://passthrough.fw-notify.net/download/417715/http://solutions-network.org/site-legaltraceablefish/files/2015/03/EPLAT_FinalReport_March2015_Webview.pdf